Pourquoi le Diable Peut Gagner

Publié le par elinas

  Non, non, et non, je ne parlerai pas de religion. Le mot « Diable », je l’emploie comme une simple image pour évoquer un sujet qui me trotte dans la tête depuis longtemps, et qui apparait de manière sous-jacente dans d’autres de mes articles : La consécration du mal. Hannah Arendt a étudié longuement « la banalité du mal », et mon opinion (oui, c’est une opinion) rejoint son étude sur un point et un seul : il est important de ne pas cesser de penser, sans quoi, l’inhumain apparaît en n’importe quel humain.

 

  Dans mon article « Je reste un homme », j’affirmai que je n’avais vu nulle part qu’être un homme, c’était d’être capable de violence. Je continuerai sur cette lignée. Remarquez le succès des « bad boys » et des « salopes » (dans le langage courant). Au jour d’aujourd’hui, on dépasse la banalité du mal pour aller jusqu’à le consacrer.

 

  J’ai été témoin d’une quantité incomptable de conversations dans lesquelles il y avait la vantardise de s’être battu. « Je l’ai fracassé » était prononcé avec un sourire quasi extatique. Se battre est devenu une fierté, quelle qu’en soit la raison. Maintenant, une question : pourquoi « les jeunes », au sens large, éveille de l’inquiétude et de la suspicion aux yeux de certains ? Parce qu’il y a des milieux – et pas seulement les bas milieux – où c’est un rituel de se bourrer la gueule, de toucher aux drogues, de se battre, de casser des trucs dans la rue, d’insulter les flics, d’agresser les profs, de bizuter d’autres. J’en ai été témoin, et dans certains cas, victime.

 

  Nous le voyons, le vice caché. Maintenant, « innocent » est devenu une insulte. « Prude » est devenu synonyme de « tiens, et si on se foutait de sa gueule ? ». Nous la connaissons, notre propension à la violence, et on excuse tout par la simple phrase « C’est l’Homme qui est comme ça ». Et paf, on arrête de penser. Faire du mal est rentré dans les mœurs. Il n’y a plus de remords à mentir, à tromper, à frapper, à humilier. Non, au lieu de ça, l’on découvre dans des discours de la fierté. On voit même des gens s’inventer des vices pour ne pas « passer pour des cons ».

 

  Je ne suis pas idiot pour autant. Nous ne sommes pas dans un monde de Bisounours. Mais pensons-y. Juste pensons-y. Il n’y a aucune solution. C’est dans la société, et rien ne peut changer cela au jour d’aujourd’hui. Ce n’est pas du désespoir, ni de la résignation. C’est un constat. Un simple constat. Mais il faut y penser. Penser que le problème, il est là : être mauvais devient une fierté. On ne peut pas revenir en arrière… mais on peut freiner le rythme de progression. Il suffit d’y penser.

 

  Certains ont été surpris lorsque je leur ai dit « Je suis fier de douter de moi ». Parce que tant que je douterai, ne serait-ce qu’une seconde avant d’agir, ce sera alors une preuve que je pense encore. Et que je peux encore me protéger contre cette consécration du mal.

 

  Traitez-moi de coincé si le cœur vous en dit, mais ceux qui me connaissent le savent : J’ai une vie sympa, je ne me prive pas, je rigole bien. Pourtant, je passe un bon nombre de soirées sans boire. Je ne me bas pas, sauf pour me défendre. Je ne casse rien. Je ne vole pas, même si j’aurais beaucoup à y gagner. Mentir est quelque chose que je déteste.

 

  Mais je ne suis pas idiot. Je ne suis pas naïf, contrairement à ce que je laisse croire. Certains disent qu’il y a deux catégories de personnes : « Les enculeurs et les enculés. » Dans quelle catégorie je me range ? La troisième. Je fais de mon mieux pour ne pas me laisser avoir… mais rien ne m’empêche de me défendre.

 

  Pour conclure : Pensons-y. Juste cela. Tant qu’on y pensera, il y aura toujours un frein à cette consécration du mal. Il suffit juste de penser.

Publié dans Reflexion

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